Le blocus est légitime
Le mot "légitimité" a plusieurs sens. Il faut donc chercher le contexte dans lequel ce mot est employé par les bloqueurs.
Systématiquement, ils expliquent le caractère "légitime" du blocus par le fait qu'il a été voté en AG. Il ne s'agit donc pas de parler d'une légitimité en droit, mais plutôt d'une légitimité politique, et indirectement, d'une légitimité institutionnelle.
La légitimité politique requiert donc un vote. Or, tout vote dans un État démocratique nécessite d'être inscrit dans le cadre légal. C'est par exemple le cas de l'élection présidentielle, régie par les articles 6, 7 et 58 de la Constitution. C'est également le cas des élections législatives, des élections des représentants étudiants au CNESER, etc.
Les votes tels qu'organisés par les bloqueurs n'ont en revanche aucune base juridique. En outre, ils ne se font pas dans le cadre démocratique, leurs modalités ne permettant pas d'avoir d'aucune garantie quant à l'exactitude des résultats.
Le blocus ne peut donc être légitime dans le sens politique du terme.
Si on s'attache maintenant à la légitimité institutionnelle, on peut partir de la définition de "légitimité" fournie par le Vocabulaire juridique de Gérard Cornu. Il est dit que la légitimité est la "conformité d'une institution à une norme supérieure juridique ou éthique, ressentie comme fondamentale par la collectivité qui fait accepter moralement et politiquement l'autorité de cette institution".
Outre le fait que le rassemblement des bloqueurs n'est fondé sur aucune norme supérieure, j'en doute fort qu'il soit ressenti comme fondamental, ni accepté par la collectivité.
Le blocus ne peut donc être légitime dans le sens institutionnel du terme.